LA RUE EST A NOUS !
Cycles de marches exploratoires et d’ateliers de sensibilisation

Mis en place en à Aix-en-Provence en 2021 et aujourd’hui mené à Marseille en partenariat avec le CIDFF Phocéen, “LA RUE EST A NOUS” est pensé comme un cycle de quatre marches et d’ateliers dans quatre Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) : Plan d’Aou, La Sauvagère, Malpassé et le centre-ville. 

Les marches exploratoires sont des marches réservées aux habitantes d’un même quartier pour analyser le sentiment d’insécurité ressenti en tant que femme dans l’espace public, imaginer collectivement des solutions pour améliorer leur quotidien. Elles sont suivies d’une médiation publique, en présence des élu.es et acteurs du territoire concerné, afin de rendre compte des observations de terrain et de mieux considérer les enjeux liés au genre dans les politiques publiques. 

Pour voir les questions les plus fréquentes au sujet de ce dispositif, n’hésitez pas à consulter notre Foire Aux Questions (FAQ). 

Des marches exploratoires, pour faire quoi ?

Dans le cadre des contrats de ville, les marches exploratoires de femmes sont encouragées, promues et développées. Chaque marche est l’occasion de pointer des dysfonctionnements urbains, incivilités, mauvaises signalisations, un manque de mixité et un sentiment d’insécurité. Elles permettent donc d’articuler les questions de l’accès à l’espace public par les femmes, les questions de renouvellement urbain et de cadre de vie, de tranquillité publique, mais également de citoyenneté à travers la participation des femmes à la gestion de l’espace public. 

Avec “LA RUE EST A NOUS”, nous entendons donc répondre à plusieurs objectifs :

  1. Participer à faire de la rue un espace moins violent pour les femmes
  2. Sensibiliser les habitantes aux violences faites aux femmes dans l’espace public et proposer des solutions pour s’en protéger
  3. Mettre en place un outil d’évaluation critique de l’environnement 
  4. Permettre la réappropriation de la rue par les femmes, être davantage à l’écoute de leurs préconisations pour leur quartier 
  5. Favoriser les liens et les rencontres à l’échelle d’un même territoire 

 

Mode d'emploi

Restitution publique au CSC La Provence à Encagnane, Aix-en-Provence, décembre 2021
Des temps conviviaux (animations culturelles, repas...) sont organisés en lien avec les habitantes et les structures partenaires

Un groupe de travail préalable – composé des associations organisatrices, des structures partenaires et d’un groupe d’habitantes – se réunit en amont de la marche pour co-construire l’itinéraire, selon les endroits les plus fréquentés lors des trajets quotidiens, les éléments qui génèrent un sentiment d’insécurité ou qui rassurent.

Le Jour-J, le rendez-vous est donné à une vingtaine d’habitantes du territoire. Si possible, nous favorisons les déambulations “entre chien en loup”, à la tombée de la nuit, afin d’évaluer les changements d’environnement, d’habitudes entre le jour et la nuit. La marche est d’une durée d’une heure, avec des points d’arrêt pour observer et analyser l’environnement et compléter un carnet d’enquête distribué à chaque habitante. 

La déambulation est ensuite suivie d’une restitution publique – avec les élu.es du territoire concerné (mairie centrale et de quartier, représentant.e de la Métropole, de la Préfecture…), les associations et autres institutions.

L’événement est clôturé avec une animation (concert, lecture…) et d’un repas partagé. Dès que possible, nous essayons de mettre en valeurs des initiatives féminines du territoire. 

Nouveauté en 2022-2023, nous nous associons avec le CIDFF Phocéen pour proposer, à la suite de la marche exploratoire, des ateliers de sensibilisation à destination des habitantes (dans l’idéal, des personnes ayant participé à la marche) et des jeunes (filles et garçons). Pour les ateliers dédiés aux femmes, il s’agit de : 

  1. Créer un espace de parole et de partage d’expériences sur la thématique du harcèlement de rue
  2. Prendre conscience collectivement de ce que représente le harcèlement de rue (cadre légal…)
  3. Développer des stratégies communes d’auto-défense

Pour ceux dédiés aux jeunes, il s’agit de :

  1. Sensibiliser à l’égalité femmes/hommes
  2. Déconstruire les stéréotypes de genre pour mieux s’en affranchir 
  3. Permettre l’échange autour de thématiques diverses : consentement, relations amoureuses, rapports de genre…

Calendrier 2022-2023 à Marseille

28 Novembre 2022

Marche exploratoire au Plan d’Aou (15ème), en partenariat avec Le Café des femmes, le Centre social du Grand Saint-Antoine, Les Femmes du Plan d’Aou en action. 

La presse était là !

 

28 février 2023

Marche exploratoire à La Sauvagère (10ème), en partenariat avec la Maison Pour Tous/Centre Social Romain Rolland et Atouts femmes.

2 mai 2023 

Marche exploratoire à Malpassé (13ème) en partenariat avec le Centre social Malpassé et Les Petits Débrouillards PACA. et dans le centre-ville de Marseille. 

19 octobre 2023

Marche exploratoire au centre-ville (6ème) en partenariat avec l’association étudiante HeforShe (Kedge Business School

Calendrier 2021-2022 à Aix-en-Provence

30 Novembre 2021

Marche exploratoire à Encagnane, en partenariat avec le Centre Social et Culturel La Provence. 

23 Février 2022

Marche exploratoire à Aix Nord-Beisson, en partenariat avec le Centresocioculturel Aix Nord. 

8 Mars 2022

A l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, marche exploratoire dans le centre-ville d’Aix-en-Provence, dédiée aux étudiantes d’Aix-Marseille Université. 

17 Mars 2022

Marche exploratoire au Jas-de-Bouffan, en partenariat avec le Centre social et culturel Les Amandiers. 

FAQ

La non mixité n’est pas un parti pris de notre association, mais elle constitue l’essence même des marches exploratoires. Le guide méthodologique des marches exploratoires, publié par le Comité interministériel des Villes (CIV) explique que «les femmes sont les mieux placées pour identifier les événements de l’environnement urbain susceptibles d’occasionner des risques d’agression et d’affecter le sentiment d’insécurité ». Mais pourquoi ?

Parce que la non mixité permet de libérer la parole sans peur d’être jugée, dans un cadre bienveillant et sécurisant. Parce qu’elle rend possible la dénonciation de violences sexistes (harcèlement de rue, agressions sexuelles) sans que les femmes aient à craindre les réactions ou le malaise des hommes. Parce que les expériences liées à l’intime, aux violences, notamment sexuelles, sont plus faciles à partager entre femmes.

En mixité, de nombreux mécanismes compliquent ces discours. En raison de leur socialisation, les femmes ont plus de mal à se sentir légitimes, à intervenir en réunion. Au contraire, les hommes sont plus facilement éduqués à prendre la parole en public. En réunion, les hommes captent 75% du temps de parole et un homme interrompt 23% de fois plus une femme qu’un homme.

Cela ne veut pas dire que les hommes ne peuvent pas prendre part au projet, bien au contraire. S’ils le désirent, ils peuvent participer à l’organisation (communication, recherche de participantes) et bien entendu participer au temps de médiation avec les élu.e.s, qui se fait en mixité. Nous sommes conscientes de l’importance de discuter ensemble des moyens et outils pour sortir des problématiques rencontrées, mais nous pensons que cette discussion ne peut se faire qu’après un temps entre femmes.

Toute les femmes sont les bienvenues pour participer à nos marches exploratoires, peu importe le rapport qu’elles ont à leur “sécurité”. Il faut cependant bien comprendre que les marches exploratoires cherchent à décortiquer la raison d’un sentiment d’insécurité, qui peut être éloigné d’une insécurité réelle.

Pour les femmes qui se sentent en insécurité, les marches sont l’occasion de pouvoir en parler, de mesurer ce sentiment et de l’exprimer.

Pour celles qui ne ressentent pas d’insécurité, ces marches sont aussi l’occasion de réfléchir ensemble à la place des femmes dans l’espace public et à son aménagement, de voir comment notre socialisation, nos expériences passées ou nos traumatismes imprègnent notre façon d’être. Il s’agit de toutes les façons d’une expérience collective de la sororité partant de ressentis individuels et donc non généralisables (nous ne disons pas que toute les femmes connaissent le même sentiment d’insécurité).

Et puis, si les zones traversées ne génèrent aucun sentiment d’insécurité, c’est aussi l’occasion d’observer les bonnes pratiques d’aménagement ou d’occupation qui favorisent cette impression de confort, et de s’en inspirer pour d’autres territoires ?

Les marches exploratoires ne sont en aucun cas réservées à des “quartiers” ou des ZUP, nous les conduisons aussi dans les centres-villes. Il ne s’agit pas de stigmatiser une zone plutôt qu’une autre mais bien de proposer un temps de rencontre et d’échange entre habitantes et voisines. De plus, nous parlons bien de sentiment d’insécurité (de l’ordre du ressenti, de l’intime) et non pas forcément d’insécurité réelle : il peut y avoir une grande différence entre l’insécurité que je ressens et l’insécurité réelle (voir à ce sujet la réponse à la question 2).

C’est aussi un moyen pour les habitantes de nous présenter leur quartier et de voir comment elles y vivent. Savez-vous que les femmes représentent plus de 57% des personnes se déplaçant à pied dans les villes ? Qu’elles accompagnent majoritairement les enfants et les personnes âgées dépendantes ? Mais pourtant, savez-vous que 26% des femmes ont déjà renoncé à sortir de chez elles le soir pour des raisons de sécurité, contre 6% des hommes  ? Doit-on rappeler que 90% des femmes ont été harcelées dans la rue ou les transports en commun ? 

Avec les marches exploratoires, nous donnons aussi l’occasion à ces femmes-expertes de leur territoire d’exprimer leur avis et d’échanger avec les pouvoirs publics, et nous mettons en exergue le fait que hommes et femmes aujourd’hui n’ont pas la même expérience de l’espace public.

 

Il n’y a que deux conditions : être une femme et avoir une expérience quotidienne du quartier (parce qu’elle y vit, y travaille…). Pour s’inscrire, vous pouvez contacter Margaux Barou (m.barou@solidaritefemmes13.org) par mail avec vos coordonnées et la marche que vous avez choisie (en fonction de votre lieu de vie).

L’itinéraire est co-construit lors d’une réunion préparatoire en amont avec les habitantes intéressées. En fonction des retours, nous proposons une cartographie de trajet.

Le niveau de la marche est facile. Le temps de parcours est toujours estimé à une heure environ, en comptant de nombreuses pauses pour observer et compléter le carnet d’enquête.

Vous avez des difficultés à vous déplacer mais vous souhaitez quand même participer ? Contactez-nous sans plus attendre !

Tous les éléments à observer sont mentionnés dans le carnet d’enquête qui est distribué le Jour-J aux participantes, juste avant le départ de la marche. Pour concevoir le document, nous nous sommes inspirées des travaux menés par le Centre Hubertine Auclert au sujet de la place des femmes dans l’espace public mais aussi d’une étude réalisée à Montréal où il est noté que pour se sentir en sécurité, une femme a besoin de quatre éléments majeurs : Savoir où elle se trouve et ne pas avoir le sentiment d’être perdue / Pouvoir voir et être vue / Pouvoir entendre et être entendue / Se sentir à l’aise dans un environnement qui a été aménagé en la prenant en compte .

C’est sur cette base là que nous avons créé notre protocole d’observation.